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De Ceylan au Sri Lanka à 28 ans d'intervalle

De Ceylan au Sri Lanka à 28 ans d'intervalle Jean Luc Dayot
Régine retrouve avec émotion les endroits visités lors d'un premier voyage dans la perle de l'océan Indien.

Si les conditions de confort ont évolué, d'autres changements de rythmes ou d'intérêt ne manquent pas de frapper la voyageuse néanmoins toujours sous le charme de ce voyage "différent".

En 1985, après un long voyage avec plusieurs escales, j’ai mis le pied pour la première fois au Sri Lanka, que l’on appelait encore le plus souvent Ceylan. L’île était coupée en deux, les tigres tamouls se battaient contre le gouvernement cinghalais, le nord et l’est étaient interdits au tourisme. Arrivées sous des trombes d’eau, nous avions rejoint la gare routière de Colombo par un bus bondé, puis notre hôtel en minibus, toujours sous la pluie. Le chauffeur nous avait fait payer trois fois le prix, vu l’encombrement de nos sacs à dos. Prendre le bus à trois n’était pas facile, c’était un véritable sport d’y monter et de se caser tant bien que mal
dans l’allée.

Colombo était une grande ville pas très accueillante, nous l’avions quittée très vite pour Polonnaruwa. Nous avions circulé à vélo entre les ruines de briques rouges, les bassins et les dagobas, pour enfin se reposer contre les flans du grand Bouddha couché. Nous étions allées voir les demoiselles de Sigiriya, et
avions poursuivi jusqu’au sommet, sur le rocher glissant où étaient creusées des empreintes pour nos pieds. À certains passages il fallait s'aider d'une corde, mais quelle récompense arrivées là-haut, sur le trône du roi, avec cette vue magnifique sur la plaine. À Dambulla des petits singes nous avaient accompagnées tout le trajet sur les marches qui menaient aux temples des cinq grottes.

À Anuradhapura, nous avions fait demi-tour, déçues, impossible d'y aller, la ville était fermée. Pour tous ces sites, on payait quelques roupies et sur le chemin nous rencontrions de nombreux moines en robe safran et des habitants souriants avec qui nous échangions quelques mots en anglais et partagions quelques fruits. Et puis il y avait les éléphants qui se baignaient dans les rivières, les varans et les oiseaux colorés.

Trincomalee était assiégée par des militaires : des sacs de sable devant les administrations, des barrages partout, des hélicoptères dans le ciel. Nous avions poussé jusqu'à Nilaveli, une plage de sable magnifique sur plusieurs kilomètres avec des hôtels de luxe, tous vides, certains même détruits par des explosifs. C'était désert, ça donnait un air d'étrangeté. Nous avions raté le dernier bus pour Trincomalee car notre copine avait passé un peu trop de temps dans l'eau avec les poissons tropicaux, et nous étions perdues sur cette grande plage à l'heure du couvre-feu, dans une région pas très sûre. Au loin, nous entendions des détonations.

En retournant vers les hôtels, un gardien nous ouvrit grand la porte et nous donna gratuitement une chambre de luxe et un dîner devant la piscine éclairée. Il nous raconta l'histoire de ces hôtels qui appartenaient tous à de riches cinghalais dans une région tamoule. Nous étions descendues, en bus toujours, jusqu'à Arugam bay, où les vagues étaient si fortes qu'il était impossible de se baigner. Nous avions adoré Galle et sa lumière au couchant sur le fort et le phare. Nous avions pris le petit train pour rejoindre la montagne. Le soleil était là tôt le matin et les nuages noirs suivis de la pluie arrivaient en début d'après midi. Des femmes de petite taille, la peau foncée, aux saris passés, pliaient sous le poids de leur panier, porté sur le dos, et retenu par une lanière sur le front. Elles cueillaient des feuilles de thé du matin au soir, et en avaient les mains écorchées. Elles livraient leur récolte dans les usines à thé en parcourant parfois plusieurs kilomètres sur des petits sentiers.

[...]

Retrouvez l'article en intégralité dans Globe-trotters Magazine n°155.